Tran Thi Vinh : la grand-mère d’Odette BERTIN-PUJOL
- Mademoiselle Artichaut
- 18 févr. 2015
- 2 min de lecture
Quand vient au monde l’aïeule, la Cochinchine est sous la domination des Français.
Ces derniers conservent pour l’instant les fonctionnaires de l’ancienne tutelle, l’empereur d’Annam, dont la Cour est à Hué. On est sous le règne de DONG KHAN. Les rapports avec les colonisateurs sont très tendus d’autant plus que cette région est convoitée par le Cambodge voisin...
Le 8ème régiment d’infanterie coloniale est stationné dans la citadelle de TAY NINH, capitale de la province, pour garder la frontière et pacifier la zone couverte par la jungle. Saïgon est à 100 km au sud-est.
Courant 1906 arrive à TAY NINH un jeune médecin militaire chargé de l’assistance aux populations : c’est Joseph LAPORTE (1881-1949).
A l'époque, l’autorité civile de la province est exercée par un mandarin, le doc phu, sorte de préfet de l’Administration annamite, du nom de TRAN. Ce dernier a une fille qui se prénomme VINH signifiant « gloire ». Joseph la courtise et la demande en mariage. C’est un refus catégorique du côté de la hiérarchie militaire comme de la partie mandarinale. Dans ces temps-là, les codes sont implacables : toute union mixte est considérée comme une trahison et déshonore la race de ceux qui les transgressent. Le mandarin, en tant que haut fonctionnaire, se retrouve alors devant un dilemme. En fait, il n’a pas vraiment le choix...
C’est dans ces conditions que Vinh donne naissance, le 24 Septembre 1908, à une fille prénommée "Paulette". La sanction tombe : le Gouverneur Général de l’INDOCHINE prononce à l’encontre du coupable une mesure disciplinaire d’éloignement de la colonie pour une durée de trois ans ! Quant à VINH, elle est, pourrait-on dire, victime d’ostracisme et poussée à l’exil pour échapper à l’adversité des siens qui ont perdu la face.
Avant de retourner en métropole pour y purger sa peine, l’Officier a le temps d’installer son ménage à DALAT sur les hauts-plateaux du centre Vietnam, une station climatique d’altitude idéale pour guérir des maladies infectieuses qui terrassent nos compatriotes. Hélas les tabous, les règles de la société coloniale restent les mêmes partout et la jeune femme déjà de santé fragile se laisse aller au désespoir et meurt de componction dans la solitude la plus totale en laissant une orpheline de 9 ans entre les mains d’une institution religieuse.
Pendant ce temps l’Officier participe en France à la grande guerre puis est renvoyé en Indochine pour combattre la rébellion des Pavillons Noirs au TONKIN . Il retrouve sa fille et finira par obtenir gain de cause auprès du tribunal pour régulariser sa situation.
Joseph LAPORTE finira avec le grade de Colonel et prendra sa retraite à HAÏPHONG où il ouvre un cabinet de médecine pendant que Paulette termine ses études secondaires.
Jean Bertin, Mazamet, 2015
Comentarios